comité de lecture du 9 novembre

Publié le 18 Novembre 2013

Ca m’agace

Jean-Louis Fournier

 

Ed. Anne Carriere. Octobre 2010

Le goût de vivre est une chose fragile. Un rien peut vous le faire passer. Il suffit d’une bestiole d’un centimètre qui doit peser un gramme, un moustique en l’occurrence, pour transformer une nuit en cauchemar. Mais ce n’est pas tout. Il y a le serveur vocal qui fait semblant de ne pas vous comprendre et n’a jamais un mot gentil ; le désespéré qui choisit de se faire déchiqueter par votre TGV et vous fait louper votre entretien d’embauche ; les campagnes de dépistage qui vous rappellent avec délicatesse que vous êtes biodégradable ; les routiers qui essaient de se doubler sur l’autoroute ; le palmarès des hôpitaux qui révèle que l’hôpital où vous allez vous faire opérer de la hanche a obtenu la plus mauvaise note ; les pigeons qui chient partout ; les imprimeurs qui impriment en tout petit ; les exclusions de votre contrat d’assurance ; les mites qui attaquent de préférence l’endroit le plus visible de votre pull en cachemire ; les ouvre-boîtes intégrés qui font gicler sur votre pantalon l’huile de vos sardines, et beaucoup d’autres choses dont l’auteur vous réserve la mauvaise surprise.
Ça m’agace aurait pu n’être qu’un billet d’humeur. Bien pire, c’est un livre de mauvaise humeur. Parce que, tout ça, Fournier, ça l’agace.

 

                                                                    CDC de Marie-Madeleine, Marie-Rose

 

Où on va, papa ?

Jean-Louis Fournier

 

Ed. Stock. Août 2008

Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J’avais honte ? Peur qu’on me plaigne ? Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c’était pour échapper à la question terrible : « Qu’est-ce qu’ils font ? » Aujourd’hui que le temps presse, que la fi n du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j’ai décidé de leur écrire un livre. Pour qu’on ne les oublie pas, qu’il ne reste pas d’eux seulement une photo sur une carte d’invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n’ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d’ange, et je ne suis pas un ange. Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d’une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d’eux avec le sourire. Ils m’ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement. Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien. Et surtout, pendant de nombreuses années, j’ai bénéficié d’une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j’ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

CDC de Marie-Madeleine

 

 

 

Daffodil Silver

Isabelle Monnin

 

Ed. Lattes. Août 2013

C'est une semaine spéciale dans la vie de Daffodil Silver. 
Elle doit solder la succession de ses parents récemment disparus. Avant d'accepter ou de refuser l'héritage colossal qu'ils lui laissent, elle veut raconter au notaire leur singulière histoire. 
Le récit commence bien avant sa naissance, quarante ans auparavant. La mère de Daffodil s'appelle Lilas. Elle est la première des deux filles de Marguerite et Marcel, le propriétaire de l'usine des Souvenirs Faure. Trois ans après elle, est née sa moitié miraculeuse, l'autre face de sa médaille, un soleil : Rosa. 
Les soeurs sont inséparables. Elles rêvent d'ailleurs et de création, sont le noyau d'un joyeux groupe d'amis. Ensemble, ils jouent aux cartes et s'inventent des avenirs glorieux. 
Beau temps ne dure jamais. 
Alors que Lilas vient de donner naissance à sa fille, Rosa meurt brutalement. 
Passé le choc, vient le sursaut : Lilas décide, pour prolonger d'autant la vie de sa soeur et donner un sens à la sienne, d'écrire un livre qu'on mettrait autant de temps à lire que Rosa a vécu. Vingt-six ans, trois mois et six jours. Une cathédrale peut être magnifique et monstrueuse. La quête est vaine. Elle se heurte à l’indéfinissable de chacun, à ses mystères.

Mélange sur la mort de sa sœur (véridique) et romance. Elle est morte un peu le jour de la mort de sa sœur. Le roman la fait revivre. Bien écrit, passionnant.

CDC de Monique

Rédigé par mediatheque-devecey.over-blog.com

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